les mots du fondateur
Beaucoup d’anciens élèves ont vécu comme un deuil la perspective de la fermeture de l’École du Studio-Théâtre d'Asnières. Leur école.
Le Roi est mort ?
Vive le Roi !
Après un an de réflexion, quelques anciens élèves et professeurs ont décidé, à mes côtés, de redonner vie à cette école et d’y imprimer ce qu’ils y avaient vécu : le bonheur d’être ensemble, de se construire, de se respecter, de rêver et d’inventer de nouveaux moyens de partager le théâtre.
Le don existe-t-il ? Peut-etre oui. Peut-être non. Quelle que soit la réponse, il n’y a rien sans le travail. Le jeune acteur doit travailler comme un danseur fait de la barre ou un musicien fait ses gammes. Il faut donc lui proposer les meilleurs conditions de travail pour son épanouissement.
Pour mieux réaliser cette ambition, nous avons inventé une nouvelle structure, novatrice dans son approche de l’insertion professionnelle, privilégiant l’immersion dans les théâtres et les lieux de création. Ces lieux, plus partenaires que simples lieux d’accueil, constitueront de véritables pôles d’animation où l’élève pourra se frotter à de nouvelles équipes et de nouvelles expériences, utiliser de nouveaux espaces, et profiter de nouvelles rencontres. Cette itinérance sera complétée par un point d’ancrage permanent, quartier général et coeur de l’école.
“Le public est le meilleur professeur” disaient Jouvet, Copeau, et beaucoup d’autres. Notre pédagogie s’appuiera sur une finalité fondamentale: la rencontre avec le public. L’élève doit trouver grâce à lui le meilleur de sa personnalité et arriver à atteindre une certaine maturité de jeu.
Notre pédagogie doit faire découvrir les textes, qu’ils soient classiques ou contemporains. L’acteur est avant tout porteur du texte, porteur du verbe. Il est responsable de ce qu’il dit, tant au niveau du contexte que dans la science de l’exprimer, ce qui en fait un citoyen à part entière. Il doit jouer son rôle dans la société. Or le verbe est multiple, il s’inscrit dans le passé, dans le présent, et même dans l’avenir. L'école peut aussi faire naître des auteurs. Tout acteur est très souvent un poète qui s’ignore.
Notre pédagogie doit permettre de maîtriser autant les textes classiques que contemporains. Sans oublier la technique des alexandrins et du théâtre poétique. Il faut savoir allier l’archaïsme et le naturel.
Notre pédagogie doit s’ouvrir sur d’autres disciplines : le travail du corps et de la voix. Le chant et la danse sont deux écoles de rigueur. Il ne s’agit pas de former des chanteurs et des danseurs de haut niveau, mais des comédiens connaissant au mieux leur outil principal: eux-mêmes.
Notre pédagogie doit enfin s’appuyer sur l’élève. Unique et irremplaçable, il doit être respecté. Ses défauts peuvent devenir des qualités. Il ne doit pas avoir peur de lui-même, mais s’accepter et s’aimer autant qu’il doit aimer ses personnages, blancs ou noirs, loups ou brebis.
C’est pourquoi les intervenants du Studio JLMB auront à coeur de refuser tout système. Chaque élève doit trouver indépendamment son propre chemin pour grandir, aidé par ses camarades et les responsables de la pédagogie. Nous devons l’amener à trouver à l’intérieur de lui-même sa part secrète et des trésors de possibilités qu’il ne connait pas encore.
Notre pédagogie enfin doit être dans son temps et ouverte sur le monde. Les intervenants, jeunes pour la plupart et tous anciens de l’École du Studio originelle, sont avec nous pour essayer de penser et construire le théâtre de demain. Ils sont au fait des nouvelles techniques qui bouleversent notre perception du monde et portent un regard neuf sur nos métiers. Ils sont modernes et représentent un enrichissement considérable – et indispensable - à notre travail.
Et le Studio JLMB n’a pas peur de la modernité.
JEAN-LOUIS MARTIN-BARBAZ
